Un twittos nostalgique des cromalins

Frédéric Fougerat

Directeur communication et RSE, Groupe FONCIA
Auteur du Dico de la Com

Comment vous est venue l’idée d’écrire un dictionnaire ?

J’en ai d’abord ressenti le besoin à titre personnel. Puis je me suis dit que si cela pouvait m’être utile, ce le serait certainement aussi pour d’autres. Au fur et à mesure de ma pratique du métier, j’ai commencé par écrire des petits lexiques thématiques car je me suis rendu compte que chaque métier a son propre langage : graphistes, imprimeurs, publicitaires, attachés de presse… C’est comme ça que m’est venue l’idée du dictionnaire. Comme on est tous amenés à travailler ensemble, autant se comprendre !

C’est un travail de longue haleine. Quand se dit-on que c’est terminé ?

Potentiellement jamais ! Ça peut être un travail sans fin mais il faut bien un jour se dire « j’arrête ». J’ai mis trois ans à le faire, avec une année de crise au milieu. 1300 mots sont répertoriés. A peine la 1^ère édition sortie, l’éditeur m’a invité à travailler sur la 2^nde pour continuer à l’enrichir.

Comment s’est fait la sélection des mots ? Et le choix des définitions ?

Tous les jours, au gré des échanges avec mon équipe et nos prestataires, je notais un ou deux mots repérés dans les conversations, mails, réunions… Des mots que j’estime propres à nos métiers ou qui, en tout cas, peuvent avoir un sens propre à la communication. J’ai rédigé personnellement toutes les définitions : pour certains mots, c’était une évidence, pour d’autres j’ai dû solliciter des avis extérieurs. Avec la surprise parfois de m’apercevoir qu’un même mot pouvait prêter à réel débat entre spécialistes ! C’est comme ça que vous allez trouver deux tailles possibles par exemple pour un même format d’édition. Je ne suis pas parvenu à trouver le consensus…

A qui s’adresse le Dico de la com ?

A tout le monde : de l’étudiant qui débarque dans le métier au plus chevronné qui, comme moi, du fait de l’évolution permanente de nos métiers se trouve face à un mot qu’il ne connait pas. C’est un outil volontairement accessible au plus grand nombre, à la fois didactique et culturel : aujourd’hui on se rend compte que certains mots comme cromalin¹ par exemple font de nous des dinosaures du métier. Les jeunes générations ne savent pas du tout ce que c’est ! Les métiers sont aujourd’hui de plus en plus spécialisés là où nous étions tous des généralistes il y a une vingtaine d’années encore.

Sans parler des anglicismes… 

En effet, ils sont très présents dans la langue de la communication. Parfois, ce sont des mots uniques, pour lesquels il n’y a pas d’équivalent en français. Dans ce cas, je les ai laissés intacts et je me suis attaché à leur apporter la définition la plus précise. C’est comme ça que j’ai découvert « content pruning² » par exemple. Mais comme j’aime les langues et les respecte, j’ai parfois mis des anglicismes parce qu’ils sont utilisés tout en précisant que des alternatives françaises existaient : « cutter³ » ou « resizer⁴ » fonctionnent très bien dans leurs traductions par exemple.

A l’heure du numérique, votre dictionnaire sort en édition papier. Est-ce un choix délibéré ?

C’est avant tout le choix de l’éditeur mais dans lequel je me retrouve bien. J’adore l’objet ‘dictionnaire’ et j’aime l’idée que chacun puisse le laisser sur son bureau et le parcourir au gré de ses besoins ou juste pour le plaisir de le feuilleter et d’y lire une définition.

nom de marque lexicalisé désignant une épreuve de contrôle de rendu et de qualité d’une impression

² Content pruning : détection de contenus obsolètes sur les sites web

³ Cutter : couper

⁴ Resizer : redimensionner une image ou une photo